Sun But Mist

Un dessin fait l’été dernier, l’été en terrasse, quelque part dans le sud de la France alors qu’il faisait fort chaud.

Encre de Chine & Café / 300g ~ Encadré 18×24 ~ (collection privée)

Lundi 28 Février 2022.

Aujourd’hui, j’ai préparé ce dessin pour sa nouvelle demeure.

Comme cela m’arrive parfois, j’ai repoussé le moment où je le verrai en vrai pour la dernière fois. Parfois ça me fait ça, je panique comme une enfant, j’ai mal au ventre, je regarde chaque millimètre d’encre pour m’en imprégner à jamais.

Je me souviens parfaitement du jour où je l’ai fait. Il faisait une chaleur écrasante, juste avant que tout devienne lourd et poisseux, lorsque le sec prédomine encore sur l’humide. Je plissais les yeux et j’avais l’impression qu’une sorte de brouillard s’élevait du sol, à moins que ce léger voile devant mes yeux ait été dû à l’ensoleillement. Mes pinceaux ont balayé mon carnet d’eau, puis du fond de ma tasse de café, je n’entendais plus rien comme souvent dans ces moments là qui durent quelques instants ou des heures.

C’est le dernier de cette série de dessins de carnets de l’été 2018, presque tous vaporeux, fantomatiques, caniculaires, au café, dont je me sépare. Les autres ne me quitteront pas, il m’en coûte trop. Je nourris parfois l’envie d’en faire un recueil, un jour, ce sera probablement le cas, un jour.

Alors j’ai ouvert grand mes fenêtres et je l’ai pris en photo, encore, une dernière fois, sous le ciel que je vois tous les jours, pour pouvoir le revoir encore, comme s’il était encore avec moi.

Mes dessins sont mon sang, mon âme, ma chair, parfois je me disloque et je sombre sans certains d’entre eux.