• Peggy Ann Mourot,  Textes

    Myriam Dal Molin (1973 ~ 2023)

    Myriam Dal Molin (1973-2023)

    Elle s’appelait Myriam. Elle avait mon âge, un sourire immense, et elle s’est éteinte hier soir.

    Elle était jardinière, dessinait, râlait, riait, avait deux beaux chats au pelage sombre.

    Elle avait un sourire immense, de ceux qui font claquer les pommes, ça m’impressionnait – j’ai le sourire discret. Elle aimait mon travail et ça me remplissait de joie. Elle comprenait mes textures, elle y était sensible. Elle vivait avec plusieurs de mes dessins qu’elle avait adopté.

    C’est quelque chose de très fort, pour moi, que d’autres vivent avec mes dessins. Quelque part, dans ma tête, dans mon cœur, je vis un peu avec ceux qui vivent avec mes dessins. C’est comme un lien ténu et fort à la fois, invisible et indestructible pourtant.

    Il y avait ce Garden Ghost qu’elle avait tout de suite adoré. Une histoire de fantôme et d’esprit de la nature, ça nous ressemblait et nous rassemblait un peu. Je dessine ça tout le temps au fond, et elle, elle était bien placée pour savoir de quoi je parlais, elle les côtoyait. Elle m’avait envoyé ces photos pour que je les mette dans mon album « Mes dessins chez les gens ». C’est un peu comme des polaroids de vacances pour moi, des instantanés de vies partagées en quelque sorte, enfin je le vis comme ça et elle le savait, ceux qui aiment mon travail et me connaissent un peu le savent. Et puis des « bestioles » aussi, elle aimait bien les bestioles. Elle me parlait de sa joie de vivre avec mes dessins sous les yeux et c’était contagieux.

    Hier soir je suis allée arroser un jardin, le jardin d’une autre, pas là quelque temps alors j’ai profité de cet écrin quelques jours. Hier soir j’étais un peu émue de savoir que ce serait le dernier soir, l’amie rentrerait chez elle et cette lucarne de verdure sur mon enfance se refermerait pour un temps.

    Et puis, plus tard, j’ai lu le message de Sylvestre, l’ami de Myriam, annonçant son décès fulgurant suite à une saloperie de cancer soudain. Mon cœur s’est émietté et j’ai fondu en larme. Tout s’est mélangé, j’ai pensé à son papa dont elle ne manquait jamais de poster des photos lorsqu’elle allait le voir, ils étaient beaux, j’ai pensé à Sylvestre dont je n’ose imaginer la douleur, j’ai pensé aux chats, j’ai pensé à tous ses carnets de dessins, j’ai pensé qu’elle avait mon âge qu’elle était belle et que c’est pas un putain d’âge pour partir, je me sens fissurée.

    J’ai écrit un jour, « Que restera-t-il de mes mots, de mes dessins, de mon amour lorsqu’il ne restera rien, rien ? L’important c’est de dire de faire de vivre bien sûr, et de s’accrocher au sens comme à la falaise même quand tu sens tes doigts se crisper et le vide t’appeler. »

    Je crois que je peins pour essayer de rendre le monde plus beau, mais aussi pour lutter contre la mort. Mais je n’y peux rien en fait…je n’ai aucune prise sur la mort…je ne peux qu’éclairer un peu la vie, mais je ne peux plus éclairer celle de Myriam alors je suis désemparée, ce genre de choses m’atteignent terriblement… Je pense très fort à ton papa et à Sylvestre… tu vas tellement manquer, les gens comme toi manquent sur cette terre.

    J’ai plusieurs photos de toi que tu m’avais envoyées, avec mes dessins mais pas seulement, mais je n’en avais aucune avec ton beau regard en plus de ton beau sourire. Alors je me suis permise de prendre celle ci dans tes photos, je suis certaine que tu ne m’en voudrais pas, tu y es si belle et si radieuse.

    Repose en paix jolie fille, croiser ton chemin et participer un tout petit peu à ton existence fût un honneur.

    ~

    Ses obsèques auront lieu lundi 4 septembre à Paris au cimetière du Père Lachaise.

    Rendez-vous est prévu à 14h45 au crématorium, 71 Rue des Rondeaux (métro Gambetta).

    Myriam Dal Molin (1973-2023)
  • Dessins,  Grands Formats,  Peggy Ann Mourot,  Peintures,  Textes

    Ghost Of Dolomites

    Dans mes dessins il y a, des nuages, des montagnes souvent, des fantômes très souvent, parfois du gris comme mes yeux, un peu du vert aussi ils sont changeants, beaucoup de moi tout le temps.

    Les jeux de reflets n’y changent étrangement pas grand chose, alors je m’en amuse plutôt que de lutter. Peut être que les nuages du ciel, le vrai, sont là pour me dire d’insister, d’aller plus loin, d’en rajouter. Peut-être que mon fantôme ne s’efface pas car il est tout le temps là près de moi. Je n’ai pas la réponse et ça me va. La peinture est pour moi une manière de me confronter à l’absolu, un peu chaque jour, sagement, sans jamais savoir si j’aurai la réponse à quoi d’ailleurs un jour. L’important est d’être et de faire, enfin je crois.

    Ghost Of Dolomites ~ Encre de Chine & Acrylique ~ 70 x 100 cm

    (collection privée)

    Renseignements & Acquisitions

    Ghost Of Dolomites ©PeggyAnnMourot
    Ghost Of Dolomites ©PeggyAnnMourot
    Ghost Of Dolomites ©PeggyAnnMourot
    Ghost Of Dolomites ©PeggyAnnMourot
    Ghost Of Dolomites ©PeggyAnnMourot
  • Peggy Ann Mourot,  Publications,  Textes

    Oooo, La revue qui regarde le dessin

    Dans ma boîte aux lettres hier matin, Oooo La revue qui regarde le dessin,
    Éditée par Thibault Balahy et dont j’ai l’immense joie de faire la couverture du N°0.

    La revue – ainsi que Thibault Balahy – sont au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême
    du 26 au 29 Janvier 2023
    sur le stand Les Mains Sales – N° 41 – dans la bulle Nouveau Monde !
    Je n’y suis pas physiquement mais un peu de moi y est tout de même alors faites moi plaisir faites y un tour !
    Et faites moi des photos !

    Il y est question de dessin, de regard sur le dessin, de regard sur son propre dessin, de dessein du dessin et de nécessité à dessiner.
    Alors moi qui écris beaucoup sur et en parallèle de mes dessins, comme pour m’expliquer à moi même ce pourquoi je suis là et pourquoi je fais tout ça, pour l’expliquer aux autres surtout, je m’y suis trouvée bien.

    Oooo ~ Éditee par Thibault Balahy ©PeggyAnnMourot



    Thibault Balahy, inépuisable marcheur du dessin et poète de la ligne, a mené et édité cet opus avec la sagesse et la persévérance mêlées qui le caractérisent.

    J’y parle de mon amour de la pierre, de la roche, de l’eau, des lichens, de mon amour de l’encre, j’y parle beaucoup de moi et de ces pierres encore, lithographiques celles ci, qui ont changé ma vie.
    On y voit des instantanés photographiques d’une série de lithographies réalisées cette année à l’Atelier Azulil à Marseille. Trois d’entre elles à l’invitation des Éditions Azulil et la quatrième de mon fait. Des extraits en textes et en images de cette intense expérience personnelle que fût L’odeur de la pierre. 2022 fût pierre pour moi.

    Les détails de cette aventure se trouvent par ici pour ceux souhaitent en voir et en lire plus.

    La revue est disponible directement auprès de Thibault Balahy contact@thibaultbalahy.fr
    Mais également chez Fichtre Diantre pour les Angoumoisins et durant le Festival d’Angoulême bien entendu (mais n’attendez pas la revue est limitée !)

    Elle est fort belle, imprimée en risographie deux couleurs sur papier blanc mat 120g, 24 pages et un poster de Magali Cazo.

    Avec au sommaire :

    Magali Cazo, Peggy Ann Mourot ,Rojer Féghali, Jean-Baptiste Laumond, Robin, Francis Blanchemanche, Thibault Balahy, Dimitri Naturel, Silvanie Maghe, Xavier Mussat, Diogo Benedetti, Stéphane Mercier, Marielle Durand, Christophe Poot, Vincent Chambon, Estelle Bordet, Xavier Boutin, Yann K.

    Oooo ~ Éditee par Thibault Balahy ©PeggyAnnMourot
  • Atelier,  Peggy Ann Mourot,  Textes

    Les choses reprennent le sens qu’elles perdent parfois

    Recevoir dans mon atelier une dame qui apprécie et suit mon travail, accompagnée de sa fille et de ses petits enfants à qui elle voulait présenter « Peggy, qui a fait ce dessin qui est chez moi ». Leur montrer mon travail, voir les yeux briller, les questions fuser, la nuit tomber, comme le temps a passé. Les voilà encapuchonnés, il pleut, des « Grand merci Peggy » résonnent dans le couloir.

    Alors les choses reprennent le sens qu’elles perdent parfois, qu’il m’arrive de perdre de vue du moins. Je crois à nouveau, encore, que j’ai raison de poursuivre, que je peux peut-être rendre le monde un peu plus beau, de toute façon je ne vois pas d’autre issue. Calme retrouvé, encre retrouvée.

    Comme souvent, j’ai envie de montagne, de roche, de neige, alors j’essaie de peindre mon envie.

    ©PeggyAnnMourot
  • Peggy Ann Mourot,  Peintures,  Textes,  WIP

    Justify

    Je n’ai à me justifier auprès de personne de qui je suis, ce que je peins, ce que je lis, ce que j’écoute.
    L’Art est pour moi un espace de liberté totale où l’on peut susciter toutes les émotions possibles y compris la colère, le désespoir, et bien d’autres réjouissances. L’humain est parfois vil, bien plus souvent qu’à son tour et qu’il ne le croit lui même, et la vie me semble souvent être un combat de titans contre nos propres démons. L’Art peut de fait en être le reflet. La beauté n’est rien sans la présence du gouffre. Alors…tout ce qui ressemble à une pensée unique, à une pureté idéologique quelconque, me fera toujours fuir. Pour moi tout est lié, ce que j’écoute ce que je lis ce que j’aime qui je suis ce qui coule dans mes veines se retrouve dans mes dessins. Et rien n’est dissociable. Toute perception ou interprétation autre serait une erreur.
    Et un détail, parce que comme dans la vie (oui ma phrase se termine bien ainsi).

    ©PeggyAnnMourot
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